AIMÉ CESAIRE FAIT PARTIE DE MES GUIDES QUI M’INSPIRENT …

AIMÉ CESAIRE FAIT PARTIE DE MES GUIDES QUI M’INSPIRENT …

En ce jour du 110ème anniversaire de la naissance d’Aimé CESAIRE, nous devons nous remémorer la puissance humble de ce grand Homme martiniquais et visionnaire. C’est avec fierté que je tiens à témoigner de ce que représente Aimé CESAIRE extérieurement et intérieurement pour moi.

Arrivé au PPM, il y a 23 ans, j’ai découvert l’immensité de sa grandeur de penseur universaliste, humaniste et responsable. Au fur et à mesure de mes rencontres, des échanges et de mon travail de militant avec nos aînés et les citoyens des quartiers, avec toutes les personnes qui l’ont cotoyé et ont contribué à son œuvre gigantesque de conscientisation, d’épanouissement et d’amélioration des conditions de vie du peuple martiniquais, j’ai pris la mesure de la chance que j’avais eue de le connaître.

A ces actions de terrains, visibles dans le quotidien des foyalais, de l’ensemble des Martiniquais, des Caraibéens et à l’international sur plus d’un demi-siècle, j’ai complété mon apprentissage, mes connaissances par mes lectures répétés des écrits politiques d’Aimé CESAIRE, de sa littérature, de ses poésies et d’autres écrits témoignages.

J’ai appris et j’apprends toujours aujourd’hui de mes relectures de la profondeur de sa pensée, de son caractère innovant, dans le contexte de l’époque, de l’idéologie progressiste césairiste.

De ces connaissances acquises, celles qui m’ont permis de découvrir ma mission, qui me nourrissent chaque jour et quialimentent ma réflexion en permanence, je peux citer :

Le concept de négritude, qui s’applique au-delà de la couleur de peau, comme l’existence consciente et la valorisation de toutes les minorités exploitées de par le monde. Celles qui ont vécu les pires violences au monde, dont les cultures ont été assassinées, dont les richesses ont été pillées et qui ont pu et su par dignité, par force intérieure, individuelle et collective se libérer de toutes les formes de domination, de soumission. A travers une dynamique de la condition humaine comme prise de conscience de nos différences et de nos particularités, elles ont participé à la reconnaissance de l’universel. Un universel comme somme et approfondissement du particulier, des particuliers, comme une richesse vers l’émancipation qui est le but de notre épanouissement.

Le concept d’Autonomie qui n’est ni l’indépendance, ni la départementalisation mais une 3ème voie, construite par nous- mêmes, pour nous même, prenant en compte notre histoire, notre culture, notre identité propre martiniquaise, sans rejet aucun de la France, mais fondée sur la réalité géographique de notre territoire, de notre insularité, de notre écosystème naturel propre. De la reconnaissance de notre personnalité collective martiniquaise.

L’Autonomie à la fois comme une attitude dynamique individuelle et collective de conscientisation, de responsabilisation et de prise d’initiative locale, construisant un projet endogène réalisé par nous-mêmes, au service de l’intérêt général et du développement de la Martinique comme force contributrice et exemplaire, humaniste et solidaire.

L’Autonomie comme un nouveau concept et un moyen politique de conjuguer et d’associer le droit à l’égalité, c’est-à-dire les droits humains inaliénables, où que nous soyons dans le monde avec le droit à la différence qui nous permet de préserver et de valoriser notre identité, notre culture, nos traditions, notre réalité propre…

Car le droit à l’égalité n’est pas l’ennemi du droit à la différence contrairement à la manière dont l’ont conçu les centralisateurs jacobins.

Car il y a l’humanité qui est un bien commun et qui détermine ainsi l’égalité des droits et à l’intérieur de cette humanité, il y a des hommes, des femmes, des « petits », des « grands » …. ce qui détermine nos différences naturelles par exemple.

Nous pouvons donc parfaitement être à la fois Martiniquais, Caribéens et Français.

Dans la vie, nous avons tous des repères, des guides, des références qui balisent notre histoire et qui nous permettent de construire notre propre chemin de vie personnellement et collectivement, toujours dans une logique de progrès de notre humaine condition.

Aimé CESAIRE fait partie de mes guides qui m’inspirent, qui me donnent la force de regarder demain, « dans une espérance lucide conquise hors de toute naïveté », par la force de la pensée créatrice et de l’énergie d’action que je développe pour faire le bien, aider mon prochain, les plus humbles et les plus vulnérables, en permettant à tout un chacun et à toutes et tous d’avoir accès à la réussite, au bien- être, de manière responsable, réfléchie et dans le respect des valeurs humaines.

Ce jour anniversaire est un rappel d’une mémoire et d’un vécu de celles et ceux qui nous ont transmis les outils au service de l’humain dans son développement personnel et collectif…. Le devoir de la transmission pour que cette idéologie progressiste, humaniste et universaliste puisse servir les générations présentes et futures …

Merci Aimé CESAIRE !

Johnny HAJJAR Député de la Martinique

LA TONI MORRISON SOCIETY DE RETOUR EN MARTINIQUE

LA TONI MORRISON SOCIETY DE RETOUR EN MARTINIQUE

La Toni Morrison Society est de retour en Martinique pour le 110e anniversaire d’Aimé Césaire et le 10e anniversaire de l’inauguration du Banc dédié à Aimé Césaire.

Ce lundi 26 Juin, date anniversaire d’Aimé CESAIRE, c’est avec grand plaisir que j’ai reçu la Fondatrice et Présidente du Conseil d’Administration de la société #ToniMORISSON de New York, Carolyn DENARD, accompagnée de membres du bureau, venue à la Martinique sur l’invitation du #ComitéMartiniquaisduTourisme afin de me faire part de l’organisation du symposium dédié à la vie d’#AiméCESAIRE les 2 et 3 décembre 2023. A ce titre, une délégation d’une quarantaine de personnes a voulu célébrer les 10 ans du « Banc Toni MORISSION », offert par la Fondation à notre Collectivité le 26 Juin 2013, date qui marquait le 100ème anniversaire du Grand Homme.

Je suis heureux que cet événement se tienne sur notre territoire. Je souhaite qu’il reflète aussi le combat pour la dignité humaine. Aujourd’hui, les droits sont bafoués dans certains pays du monde et nous devons construire un monde meilleur comme l’a toujours préconisé Aimé CESAIRE à travers son œuvre mondialement reconnue et son action politique auprofit des martiniquais.

La délégation en compagnie du maire honoraire, Raymond Saint-Louis-Augustin, d’Annie Chandey, adjointe au maire de Fort-de-France, Johnny Hajjar, Député de la Martinique, Benedicte di Géronimo, Présidente du CMT, et d’Eliane Chalono, Présidente de l’Office de Tourisme de la CACEM

« Nous avons un immense respect pour Aimé CESAIRE et ce fut un honneur que d’offrir ce banc à votre Ville en 2013 sous la mandature de M. le Maire Honoraire, Raymond SAINT- LOUIS-AUGUSTIN. C’était le 1er Banc de la Caraïbe et nous avons cette volonté farouche de continuer à inscrire Toni MORISSON dans la diaspora antillaise » a indiqué Carolyn DENARD.

La Délégation accompagnée de mes collègues élues Annie CHANDEY, Eliane CHALONO et Claude FORMONT s’est également rendue à l’#EspaceMuséalAiméCESAIRE et dans sa maison à Redoute pour son plus grand bonheur.

Visite de la maison d’Aimé Césaire : Muriel Wiltord, Claude Formont, Caroline Denard, Clémence Franchinard et Marie-Line Ampigny.

Visite de la maison d’Aimé Césaire : Muriel Wiltord, Claude Formont, Caroline Denard, Clémence Franchinard et Marie-Line Ampigny.

POUR LES 110 ANS DE LA NAISSANCE D’AIMÉ CÉSAIRE

POUR LES 110 ANS DE LA NAISSANCE D’AIMÉ CÉSAIRE

« Je suis de la race de ceux qu’on opprime.
Mon nom : offensé
Mon prénom : humilié
Mon état : révolté
Mon âge : l’âge de pierre ».

Et les chiens se taisaient, 1958, Aimé Césaire

Cette année marque le 110ème anniversaire de la naissance d’Aimé Césaire. L’illustre poète, écrivain et homme politique, dont la vie toute entière a sonné comme un refus. Le refus de l’ignorance, le refus du silence, le refus de la complaisance, le refus de la lâcheté et de la résignation, face à une vie insipide, anéantie par le colonialisme. « Pour nous le choix est fait. Nous sommes de ceux qui refusent d’oublier. Nous sommes de ceux qui refusent l’amnésie même comme méthode », Discours sur le colonialisme.

Car comment accepter une vie paralysée, une vie ou l’humanisme n’a pas été fait pour ‘’les nègres’’, une vie au sein de laquelle être noir, c’est être réduit au rang de marginal.

« Contrairement à beaucoup de camarades de ma génération, j’avais constamment le sentiment que je vivais dans un monde fermé, étroit, un monde colonial », confiait-il à Françoise Verges. Alors, il n’avait d’autre choix que de mettre des mots sur les maux, afin d’amener à une prise de conscience, car comme il l’a souvent rappelé avec conviction, il n’est point vrai qu’être noir, c’est n’avoir rien à faire au monde, il n’est point vrai que le statut d’être humain s’acquiert dans une quelconque aptitude à singer l’Europe. Face au désespoir de son peuple, face aux situations de domination imposées dans le monde, il a choisi de se positionner en faveur de la justice et de l’égalité. Césaire, c’est cette homme engagé, rebelle, indocile face à cette Europe « hoquet considérable », et qui tente inlassablement d’associer colonialisme et entreprise humaniste.

« Ma bouche sera la bouche des malheurs qui n’ont point de bouche, ma voix la liberté de celles qui s’affaissent au cachot du désespoir », Cahier d’un retour au pays natal, 1939, Aimé Césaire.

Etre la voix des opprimés, leur arracher des droits, les exhorter à se battre pour une vie digne d’être vécue, la poésie de Césaire, tout comme son combat politique est motivé par la condition inégalitaire faite aux peuples noirs.

« Au bout du petit matin cette vie prostrée, on ne sait où dépêcher ses rêves avortés, le fleuve de vie désespérément torpide dans son lit, sans turgescence ni dépression, incertain de fluer, lamentablement vide, la lourde impartialité de l’ennui, répartissant l’ombre sur toutes choses égales, l’air stagnant sans une trouée d’oiseau clair », Cahier d’un retour au pays Natal.

Et c’est ainsi que le poète mobilise toutes ‘’ses armes miraculeuses’’ dans le but de détruire le préjugé de race, et l’exploitation qui contraint des milliers d’hommes à éprouver « complexe d’infériorité, peur, tremblements, agenouillement, désespoir, larbinisme, et à vivre dans une extrême pauvreté, dépossédés de leurs corps et leurs esprits.

Arrivé en France pour étudier les lettres, il fréquente des étudiants de tout horizon, ce qui contribue à forger sa conscience de l’acculturation à l’œuvre dans les sociétés coloniales. Il commence par se poser trois questions qui constituent le fil conducteur de son combat « Qui suis-je, que sommes-nous dans ce monde blanc, que m’est-il permis d’espérer ? ». Et c’est ainsi qu’en 1934, il crée l’Etudiant noir. Il forge également le concept de négritude afin de replacer le peuple noir et plus particulièrement les Antillais au centre de leur histoire, tout en suscitant chez eux la fierté de leurs origines. En 1939, à son retour en Martinique, il publie son fabuleux cahier d’un retour au pays natal et fonde la revue Tropiques qui continue à paraître même sous le régime de Vichy. Tout au long de sa vie, il publie des œuvres engagés contre l’oppression colonialiste.

Parallèlement, il mène sa lutte sur le plan politique. En 1946, il porte la loi de départementalisation, ayant pour objectif d’offrir des conditions de vie meilleures à son peuple, et des droits fondamentaux, niés jusque-là par le racisme à l’œuvre dans la société française. Il devient maire de Fort-de-France de 1946 à 2001, et fondateur du parti progressiste martiniquais en 1958, après avoir quitté le parti communiste Français en 1956, suite au rapport Khrouchtchev révélant les crimes de Staline. Tout au long de ses mandats politiques, il vient en aide aux plus démunis menant une vaste politique sociale et culturelle pour favoriser l’émancipation des Martiniquais. Cependant, il aime à le rappeler, ce retour sur soi, cet appel à retrouver son identité n’a pas pour vocation d’enfermer et de confiner les peuples noirs dans un racisme et un « particularisme étroit ». Il est plutôt une étape nécessaire à une ouverture au monde.

« Chez moi, il n’y a jamais d’emprisonnement dans une identité. L’identité est enracinement. Mais c’est aussi un passage. Passage universel. », Entretien, le courrier de l’Unesco, 1997

Césaire c’est définitivement un homme de révolte, la révolte face à une vie remplie d’artifices, perfusée, trompée tout comme tronquée, une vie de misère intellectuelle et sociale, une vie d’exploitation éhontée qui ne cesse de refluer la dure réalité : les chaînes ont elle été véritablement brisées avec la fin de l’esclavage ?

Mais tout en étant un homme de refus, tout en combattant l’ombre, il porte en lui la lumière, refusant de céder à la violence.

« Ne faites pas de moi cet homme de haine, car pour me cantonner en cette unique race, vous savez pourtant mon amour tyrannique, vous savez que ce n’est point par haine des autres races que je m’exige bêcheur de cette unique race, que ce que je veux, c’est pour la faim universelle, pour la soif universelle », Cahier d’un retour au pays natal.

Césaire c’est aussi ce grand humaniste qui croit en l’égalité de tous et aux différentes civilisations.

« Nous croyons «aux» civilisations, au pluriel, et «aux» cultures. Le progrès, avec cette déclaration, c’est que tous les hommes ont les mêmes droits, simplement parce qu’ils sont des hommes. Et ces droits-là, tu les réclames pour toi et les autres », Nègre je suis, Nègre je resterai, 2005, Entretien avec Françoise Vergès.

Enfin, il est important de souligner le droit à l’égalité dans la différence pour lequel notre homme politique s’est battu, le droit à l’initiative qu’il soulignait et qui est encore d’actualité aujourd’hui. Soyons nos propres bâtisseurs, soyons les instigateurs de notre destin, car qui de mieux que nous pour créer les voies vers notre émancipation ?

« Il nous faudra avoir la patience de reprendre l’ouvrage, la force de refaire ce qui a été défait ; la force d’inventer au lieu de suivre ; la force « d’inventer » notre route et de la débarrasser des formes toutes faites, des formes pétrifiées qui l’obstruent. En bref, nous considérons désormais comme notre devoir de conjuguer nos efforts à ceux de tous les hommes épris de justice et de vérité pour bâtir des organisations susceptibles d’aider de manière probe et efficace les peuples noirs dans leur lutte pour aujourd’hui et pour demain : lutte pour la justice ; lutte pour la culture ; lutte pour la dignité et la liberté ; des organisations capables en un mot de les préparer dans tous les domaines à assumer de manière autonome les lourdes responsabilités que l’histoire en ce moment même fait peser si lourdement sur leurs épaules ».

Lettre à Maurice Thorez, 1956

Mathieu CORDEMY