LE PILLAGE …ORGANISÉ ET IMPUNI DE LA COLONISATION…OU LES RAVAGES DU COLONIALISME… !

LE PILLAGE …ORGANISÉ ET IMPUNI DE LA COLONISATION…OU LES RAVAGES DU COLONIALISME… !

C’est peu de dire que la colonisation s’est enrichie, sur le dos des colonisés, et de façon spectaculaire, notoire…et continue ! En Afrique, en Inde, en Asie, en Amérique du Sud, aux Antilles etc. etc….L’Homme blanc, européen et occidental, s’est gavé des richesses des pays colonisés avec éclat, impudeur et satisfaction, tant et tant qu’il l’a pu, et hélas ! Aujourd’hui encore, avec la bénédiction de la Loi (faite par et pour lui !), des habitudes, du Pouvoir, de l’argent, et de la conscience du Monde, qu’il domine !

Or, cuivre, bauxite, fer, diamant, riches sous-sols, agriculture, tout a été volé, exploité, vendu, malmené, violé, y compris les hommes et les femmes, dites indigènes, dans un travail dur et gratuit…quand il ne s’agissait pas d’esclavage !…

Ces richesses ont fait le bonheur, l’expansion, et l’extrême développement de l’Occident !

Même si actuellement, une pause, – seulement une pause,- de ces vols a été faite dans l’Histoire coloniale, du fait des révoltes des pays colonisés, le Mal est fait, irréparable et définitif…

Mail il y a un pillage plus subtil, plus hypocrite,plus masqué, plus manipulateur, que ces richesses économiques…C’est le Pillage Culturel dont l’Histoire parle peu !

Le Monde Occidental, au fil des siècles, s’est accaparé, de façon éhontée et impardonnable, des richesses artistiques, du Patrimoine culturel, quitte à les déformer et même les détruire ! On peut véritablement parler des rapines de la Colonisation…Forte de sa dite Culture raffinée et de son Passé glorieux, riches de découvertes, l’OCCIDENT s’est emparé, sans délicatesse aucune, des œuvres d’Art, des créations fabuleuses nées de l’imagination et du talent de colonisés, même dans la souffrance et le dénuement, même dans la misère et la violence

En Asie, en Afrique, en Amérique latine, des millions de meubles, peintures, sculptures, céramiques etc. etc., musiques, instruments, tissus…ont été pillés, volés, dénaturés, détruits, transportés, et se retrouvent, sans honte aucune, dans les musées, et même dans les salons de particuliers ! … parfois le plus légalement possible ! Ben quoi ! Seuls des « civilisés » come nous peuvent apprécier tant de beautés !!!!!!

Des trophées guerriers, artistiques, d’une beauté saisissante, d’une puissance inégalée, trônent dans des sites culturels de l’Occident (France, Italie, Angleterre, Suède, Allemagne, Espagne, Portugal…). Des écrivains même, intellectuels de haute volée, comme Pierre LOTI, ont participé à l’aventure coloniale, et se sont faits complices, et même acteurs de ces pillages, qu’ils jugeaient sans doute normaux et légaux ! La maison personnelle de Pierre LOTI à Rochefort possède encore ces richesses pillées !, et jusqu’en 2015, le Musée de Fontainebleau était le réceptacle de ces vols… Le Musée du quai Branly (justement baptisé Musée des Arts premiers), le Musée Guimet, et bien d’autres encore en témoignent…

Ce goût du Voyage, même avant Christophe Colomb, ce goût des richesses lointaines, jusqu’à Pékin, est né de ce pillage colonial, si fertile, qui a créé de mythes, comme ceux, entre autres, du Sauvage, du Nègre bon enfant, des animaux féroces et nuisibles qu’il faut décimer, des voyages merveilleux, des soi-disant « découvertes » de pays lointains, mis sur le compte des colonisateurs inhumains et barbares, eux !!!!

Jeannie Darsières.

NOUS PENSONS À TOI

NOUS PENSONS À TOI

Si tu avais été là, avec nous, cette journée aurait été pour toi une journée comme les autres, car tu n’aimais pas les honneurs.

Aujourd’hui, nous honorons ton héritage qui éclaire l’humanité. Tu as montré que les mots ont un pouvoir révolutionnaire, capable de transformer le monde.

Tu nous as enseigné à chérir et préserver nos racines, source infinie d’inspiration et de diversité. Ta plume a donné une voix aux opprimés, aux marginalisés, à ceux que l’on ignorait.

Par tes mots, tu as combattu les injustices, brisé les chaînes de l’oppression et rappelé notre commune humanité.

Aujourd’hui, ta flamme continue de brûler en nous, car le vrai tombeau des grands hommes se trouvent dans le cœur des vivants.
Nous pensons à toi.»

Serge Letchimy

AIMÉ CESAIRE FAIT PARTIE DE MES GUIDES QUI M’INSPIRENT …

AIMÉ CESAIRE FAIT PARTIE DE MES GUIDES QUI M’INSPIRENT …

En ce jour du 110ème anniversaire de la naissance d’Aimé CESAIRE, nous devons nous remémorer la puissance humble de ce grand Homme martiniquais et visionnaire. C’est avec fierté que je tiens à témoigner de ce que représente Aimé CESAIRE extérieurement et intérieurement pour moi.

Arrivé au PPM, il y a 23 ans, j’ai découvert l’immensité de sa grandeur de penseur universaliste, humaniste et responsable. Au fur et à mesure de mes rencontres, des échanges et de mon travail de militant avec nos aînés et les citoyens des quartiers, avec toutes les personnes qui l’ont cotoyé et ont contribué à son œuvre gigantesque de conscientisation, d’épanouissement et d’amélioration des conditions de vie du peuple martiniquais, j’ai pris la mesure de la chance que j’avais eue de le connaître.

A ces actions de terrains, visibles dans le quotidien des foyalais, de l’ensemble des Martiniquais, des Caraibéens et à l’international sur plus d’un demi-siècle, j’ai complété mon apprentissage, mes connaissances par mes lectures répétés des écrits politiques d’Aimé CESAIRE, de sa littérature, de ses poésies et d’autres écrits témoignages.

J’ai appris et j’apprends toujours aujourd’hui de mes relectures de la profondeur de sa pensée, de son caractère innovant, dans le contexte de l’époque, de l’idéologie progressiste césairiste.

De ces connaissances acquises, celles qui m’ont permis de découvrir ma mission, qui me nourrissent chaque jour et quialimentent ma réflexion en permanence, je peux citer :

Le concept de négritude, qui s’applique au-delà de la couleur de peau, comme l’existence consciente et la valorisation de toutes les minorités exploitées de par le monde. Celles qui ont vécu les pires violences au monde, dont les cultures ont été assassinées, dont les richesses ont été pillées et qui ont pu et su par dignité, par force intérieure, individuelle et collective se libérer de toutes les formes de domination, de soumission. A travers une dynamique de la condition humaine comme prise de conscience de nos différences et de nos particularités, elles ont participé à la reconnaissance de l’universel. Un universel comme somme et approfondissement du particulier, des particuliers, comme une richesse vers l’émancipation qui est le but de notre épanouissement.

Le concept d’Autonomie qui n’est ni l’indépendance, ni la départementalisation mais une 3ème voie, construite par nous- mêmes, pour nous même, prenant en compte notre histoire, notre culture, notre identité propre martiniquaise, sans rejet aucun de la France, mais fondée sur la réalité géographique de notre territoire, de notre insularité, de notre écosystème naturel propre. De la reconnaissance de notre personnalité collective martiniquaise.

L’Autonomie à la fois comme une attitude dynamique individuelle et collective de conscientisation, de responsabilisation et de prise d’initiative locale, construisant un projet endogène réalisé par nous-mêmes, au service de l’intérêt général et du développement de la Martinique comme force contributrice et exemplaire, humaniste et solidaire.

L’Autonomie comme un nouveau concept et un moyen politique de conjuguer et d’associer le droit à l’égalité, c’est-à-dire les droits humains inaliénables, où que nous soyons dans le monde avec le droit à la différence qui nous permet de préserver et de valoriser notre identité, notre culture, nos traditions, notre réalité propre…

Car le droit à l’égalité n’est pas l’ennemi du droit à la différence contrairement à la manière dont l’ont conçu les centralisateurs jacobins.

Car il y a l’humanité qui est un bien commun et qui détermine ainsi l’égalité des droits et à l’intérieur de cette humanité, il y a des hommes, des femmes, des « petits », des « grands » …. ce qui détermine nos différences naturelles par exemple.

Nous pouvons donc parfaitement être à la fois Martiniquais, Caribéens et Français.

Dans la vie, nous avons tous des repères, des guides, des références qui balisent notre histoire et qui nous permettent de construire notre propre chemin de vie personnellement et collectivement, toujours dans une logique de progrès de notre humaine condition.

Aimé CESAIRE fait partie de mes guides qui m’inspirent, qui me donnent la force de regarder demain, « dans une espérance lucide conquise hors de toute naïveté », par la force de la pensée créatrice et de l’énergie d’action que je développe pour faire le bien, aider mon prochain, les plus humbles et les plus vulnérables, en permettant à tout un chacun et à toutes et tous d’avoir accès à la réussite, au bien- être, de manière responsable, réfléchie et dans le respect des valeurs humaines.

Ce jour anniversaire est un rappel d’une mémoire et d’un vécu de celles et ceux qui nous ont transmis les outils au service de l’humain dans son développement personnel et collectif…. Le devoir de la transmission pour que cette idéologie progressiste, humaniste et universaliste puisse servir les générations présentes et futures …

Merci Aimé CESAIRE !

Johnny HAJJAR Député de la Martinique

LA TONI MORRISON SOCIETY DE RETOUR EN MARTINIQUE

LA TONI MORRISON SOCIETY DE RETOUR EN MARTINIQUE

La Toni Morrison Society est de retour en Martinique pour le 110e anniversaire d’Aimé Césaire et le 10e anniversaire de l’inauguration du Banc dédié à Aimé Césaire.

Ce lundi 26 Juin, date anniversaire d’Aimé CESAIRE, c’est avec grand plaisir que j’ai reçu la Fondatrice et Présidente du Conseil d’Administration de la société #ToniMORISSON de New York, Carolyn DENARD, accompagnée de membres du bureau, venue à la Martinique sur l’invitation du #ComitéMartiniquaisduTourisme afin de me faire part de l’organisation du symposium dédié à la vie d’#AiméCESAIRE les 2 et 3 décembre 2023. A ce titre, une délégation d’une quarantaine de personnes a voulu célébrer les 10 ans du « Banc Toni MORISSION », offert par la Fondation à notre Collectivité le 26 Juin 2013, date qui marquait le 100ème anniversaire du Grand Homme.

Je suis heureux que cet événement se tienne sur notre territoire. Je souhaite qu’il reflète aussi le combat pour la dignité humaine. Aujourd’hui, les droits sont bafoués dans certains pays du monde et nous devons construire un monde meilleur comme l’a toujours préconisé Aimé CESAIRE à travers son œuvre mondialement reconnue et son action politique auprofit des martiniquais.

La délégation en compagnie du maire honoraire, Raymond Saint-Louis-Augustin, d’Annie Chandey, adjointe au maire de Fort-de-France, Johnny Hajjar, Député de la Martinique, Benedicte di Géronimo, Présidente du CMT, et d’Eliane Chalono, Présidente de l’Office de Tourisme de la CACEM

« Nous avons un immense respect pour Aimé CESAIRE et ce fut un honneur que d’offrir ce banc à votre Ville en 2013 sous la mandature de M. le Maire Honoraire, Raymond SAINT- LOUIS-AUGUSTIN. C’était le 1er Banc de la Caraïbe et nous avons cette volonté farouche de continuer à inscrire Toni MORISSON dans la diaspora antillaise » a indiqué Carolyn DENARD.

La Délégation accompagnée de mes collègues élues Annie CHANDEY, Eliane CHALONO et Claude FORMONT s’est également rendue à l’#EspaceMuséalAiméCESAIRE et dans sa maison à Redoute pour son plus grand bonheur.

Visite de la maison d’Aimé Césaire : Muriel Wiltord, Claude Formont, Caroline Denard, Clémence Franchinard et Marie-Line Ampigny.

Visite de la maison d’Aimé Césaire : Muriel Wiltord, Claude Formont, Caroline Denard, Clémence Franchinard et Marie-Line Ampigny.

POUR LES 110 ANS DE LA NAISSANCE D’AIMÉ CÉSAIRE

POUR LES 110 ANS DE LA NAISSANCE D’AIMÉ CÉSAIRE

« Je suis de la race de ceux qu’on opprime.
Mon nom : offensé
Mon prénom : humilié
Mon état : révolté
Mon âge : l’âge de pierre ».

Et les chiens se taisaient, 1958, Aimé Césaire

Cette année marque le 110ème anniversaire de la naissance d’Aimé Césaire. L’illustre poète, écrivain et homme politique, dont la vie toute entière a sonné comme un refus. Le refus de l’ignorance, le refus du silence, le refus de la complaisance, le refus de la lâcheté et de la résignation, face à une vie insipide, anéantie par le colonialisme. « Pour nous le choix est fait. Nous sommes de ceux qui refusent d’oublier. Nous sommes de ceux qui refusent l’amnésie même comme méthode », Discours sur le colonialisme.

Car comment accepter une vie paralysée, une vie ou l’humanisme n’a pas été fait pour ‘’les nègres’’, une vie au sein de laquelle être noir, c’est être réduit au rang de marginal.

« Contrairement à beaucoup de camarades de ma génération, j’avais constamment le sentiment que je vivais dans un monde fermé, étroit, un monde colonial », confiait-il à Françoise Verges. Alors, il n’avait d’autre choix que de mettre des mots sur les maux, afin d’amener à une prise de conscience, car comme il l’a souvent rappelé avec conviction, il n’est point vrai qu’être noir, c’est n’avoir rien à faire au monde, il n’est point vrai que le statut d’être humain s’acquiert dans une quelconque aptitude à singer l’Europe. Face au désespoir de son peuple, face aux situations de domination imposées dans le monde, il a choisi de se positionner en faveur de la justice et de l’égalité. Césaire, c’est cette homme engagé, rebelle, indocile face à cette Europe « hoquet considérable », et qui tente inlassablement d’associer colonialisme et entreprise humaniste.

« Ma bouche sera la bouche des malheurs qui n’ont point de bouche, ma voix la liberté de celles qui s’affaissent au cachot du désespoir », Cahier d’un retour au pays natal, 1939, Aimé Césaire.

Etre la voix des opprimés, leur arracher des droits, les exhorter à se battre pour une vie digne d’être vécue, la poésie de Césaire, tout comme son combat politique est motivé par la condition inégalitaire faite aux peuples noirs.

« Au bout du petit matin cette vie prostrée, on ne sait où dépêcher ses rêves avortés, le fleuve de vie désespérément torpide dans son lit, sans turgescence ni dépression, incertain de fluer, lamentablement vide, la lourde impartialité de l’ennui, répartissant l’ombre sur toutes choses égales, l’air stagnant sans une trouée d’oiseau clair », Cahier d’un retour au pays Natal.

Et c’est ainsi que le poète mobilise toutes ‘’ses armes miraculeuses’’ dans le but de détruire le préjugé de race, et l’exploitation qui contraint des milliers d’hommes à éprouver « complexe d’infériorité, peur, tremblements, agenouillement, désespoir, larbinisme, et à vivre dans une extrême pauvreté, dépossédés de leurs corps et leurs esprits.

Arrivé en France pour étudier les lettres, il fréquente des étudiants de tout horizon, ce qui contribue à forger sa conscience de l’acculturation à l’œuvre dans les sociétés coloniales. Il commence par se poser trois questions qui constituent le fil conducteur de son combat « Qui suis-je, que sommes-nous dans ce monde blanc, que m’est-il permis d’espérer ? ». Et c’est ainsi qu’en 1934, il crée l’Etudiant noir. Il forge également le concept de négritude afin de replacer le peuple noir et plus particulièrement les Antillais au centre de leur histoire, tout en suscitant chez eux la fierté de leurs origines. En 1939, à son retour en Martinique, il publie son fabuleux cahier d’un retour au pays natal et fonde la revue Tropiques qui continue à paraître même sous le régime de Vichy. Tout au long de sa vie, il publie des œuvres engagés contre l’oppression colonialiste.

Parallèlement, il mène sa lutte sur le plan politique. En 1946, il porte la loi de départementalisation, ayant pour objectif d’offrir des conditions de vie meilleures à son peuple, et des droits fondamentaux, niés jusque-là par le racisme à l’œuvre dans la société française. Il devient maire de Fort-de-France de 1946 à 2001, et fondateur du parti progressiste martiniquais en 1958, après avoir quitté le parti communiste Français en 1956, suite au rapport Khrouchtchev révélant les crimes de Staline. Tout au long de ses mandats politiques, il vient en aide aux plus démunis menant une vaste politique sociale et culturelle pour favoriser l’émancipation des Martiniquais. Cependant, il aime à le rappeler, ce retour sur soi, cet appel à retrouver son identité n’a pas pour vocation d’enfermer et de confiner les peuples noirs dans un racisme et un « particularisme étroit ». Il est plutôt une étape nécessaire à une ouverture au monde.

« Chez moi, il n’y a jamais d’emprisonnement dans une identité. L’identité est enracinement. Mais c’est aussi un passage. Passage universel. », Entretien, le courrier de l’Unesco, 1997

Césaire c’est définitivement un homme de révolte, la révolte face à une vie remplie d’artifices, perfusée, trompée tout comme tronquée, une vie de misère intellectuelle et sociale, une vie d’exploitation éhontée qui ne cesse de refluer la dure réalité : les chaînes ont elle été véritablement brisées avec la fin de l’esclavage ?

Mais tout en étant un homme de refus, tout en combattant l’ombre, il porte en lui la lumière, refusant de céder à la violence.

« Ne faites pas de moi cet homme de haine, car pour me cantonner en cette unique race, vous savez pourtant mon amour tyrannique, vous savez que ce n’est point par haine des autres races que je m’exige bêcheur de cette unique race, que ce que je veux, c’est pour la faim universelle, pour la soif universelle », Cahier d’un retour au pays natal.

Césaire c’est aussi ce grand humaniste qui croit en l’égalité de tous et aux différentes civilisations.

« Nous croyons «aux» civilisations, au pluriel, et «aux» cultures. Le progrès, avec cette déclaration, c’est que tous les hommes ont les mêmes droits, simplement parce qu’ils sont des hommes. Et ces droits-là, tu les réclames pour toi et les autres », Nègre je suis, Nègre je resterai, 2005, Entretien avec Françoise Vergès.

Enfin, il est important de souligner le droit à l’égalité dans la différence pour lequel notre homme politique s’est battu, le droit à l’initiative qu’il soulignait et qui est encore d’actualité aujourd’hui. Soyons nos propres bâtisseurs, soyons les instigateurs de notre destin, car qui de mieux que nous pour créer les voies vers notre émancipation ?

« Il nous faudra avoir la patience de reprendre l’ouvrage, la force de refaire ce qui a été défait ; la force d’inventer au lieu de suivre ; la force « d’inventer » notre route et de la débarrasser des formes toutes faites, des formes pétrifiées qui l’obstruent. En bref, nous considérons désormais comme notre devoir de conjuguer nos efforts à ceux de tous les hommes épris de justice et de vérité pour bâtir des organisations susceptibles d’aider de manière probe et efficace les peuples noirs dans leur lutte pour aujourd’hui et pour demain : lutte pour la justice ; lutte pour la culture ; lutte pour la dignité et la liberté ; des organisations capables en un mot de les préparer dans tous les domaines à assumer de manière autonome les lourdes responsabilités que l’histoire en ce moment même fait peser si lourdement sur leurs épaules ».

Lettre à Maurice Thorez, 1956

Mathieu CORDEMY

Intervention de M.Serge LERCHIMY au sujet du port de Fort-de-France qui doit être un outil du développement économique de notre territoire.

Intervention de M.Serge LERCHIMY au sujet du port de Fort-de-France qui doit être un outil du développement économique de notre territoire.

Comment voulez-vous que j’accepte qu’en Guadeloupe la Collectivité territoriale régionale préside le port, met en harmonie le principal instrument, préside le développement de l’économie, comme à la Réunion pendant 10 ans et puis qu’en Martinique, on décide qui est président du port depuis le bureau de Madame Borne ?

Le conseiller de Madame Borne, Monsieur Poussier décide de qui sera président. Ce n’est pas seulement du mépris. C’est une attitude néo-coloniale, une posture inacceptable.

Pour quelles raisons ?
Je ne veux pas que l’on privatise le port de la Martinique. Si nous ne sommes pas debout pour dire non à la privatisation du port à la Martinique, on va devenir un objet gadget de ce qu’on appelle le transbordement des containers qui viennent d’Asie ou d’ailleurs ou de Los Angeles, qui traversent les océans que l’on dépose ici fermés sans savoir ce qu’il y a dedans. Comment voulez- vous que j’accepte qu’il n’y ait aucune espèce de process de développement pour améliorer la production, l’organisation du développement économique, pour donner plus de place à l’économie locale ? Doit-on détruire l’économie locale pour faire que du transbordement ?
Et puis quand je refuse ça, on dit clairement qu’on va prendre celui qui représente cette philosophie. Eh bien cette philosophie est dépassée, cette philosophie est terminée.

L’économie de plantation de monoculture, et je suis pour la banane et le rhum en termes de production, mais l’esprit de la monoculture je suis contre ça. Le port est fait pour importer massivement et exporter massivement de la banane et du rhum.

Je ne suis pas satisfait et j’avais cela à dire. Je ne suis pas content. Je ne dépends pas des ministres !

Ce n’est pas une question de poste, d’autant plus que Laguerre est un maire occupé, il s’agit de créer une harmonisation entre les stratégies de développement et le développement lui- même avec les instruments qui permettent en cohérence le développement.

Quand vous avez une direction vers le nord et une autre vers le sud, cela ne marche pas.

Vous savez, je l’ai dit, la plupart de ce que nous importons est transformé en France hexagonale. Après cela vient des USA, d’Amérique du sud. Et d’ailleurs les Martiniquais sont-ils contents de ça ? Je ne le crois pas, je refuse que le port devienne un port privé. La forme de fonctionnement que l’Etat a cautionné, ce que M. Poussier a fait, donner l’ordre par écrit depuis Paris de voter contre la CTM.

Cela veut dire quoi ?

C’est déclarer la guerre ! Vous savez ce que j’appelle l’arrogance coloniale, l’arrogance du comportement. Vous avez un engagement qui est pris par le ministre des outre-mer, confirmé par le ministre délégué et par les autorités coloniales. Mais la CCIM, que je respecte, la personne de Monsieur Jock avec qui je n’ai aucun problème,qui ne met pas un euro dans les opérations du port. Nous sommes les premiers financeurs au port. Vous choisissez le Président du port de la Martinique et pourquoi pas en Guadeloupe et à la Réunion. Le port est devenu un objet au « Carnaval des Autres ».

Non le port ne sera pas privatisé !

Si on n’a pas compris ça qu’il sera subtilement privatisé alors on est dans une situation où rien ne changera. C’est la porte d’entrée de l’économie locale et si on ne maîtrise pas cela, c’est foutu.

Pour la suite, nous étudierons la possibilité de démissionner dans les activités du port. Si jamais lors du CIOM (ndlr : Juillet 2023), on exclut la réforme structurelle de la gouvernance du port, alors cela ne sert à rien d’être les spectateurs des orientations qui ne correspondent pas du tout aux intérêts du peuple Martiniquais. C’est ma vision, c’est mon point de vue.

Siéger pourquoi faire ? On verra. Il y a une deadline qui est le CIOM et il faut nous mettre au même niveau que la Guadeloupe.
Je ne vois pas pour quelle raison on restera ignoré alors qu’on apporte 100 % des financements locaux.

Serge LETCHIMY
Président du Conseil exécutif de la CTM
27 Juin 2023

MONUMENTS AUX MORTS : Communiqué de Serge Letchimy

MONUMENTS AUX MORTS : Communiqué de Serge Letchimy

Fort-de-France, Dimanche 18 Juin 2023

(c) Thierry Sokan

« Je condamne fermement les actes de vandalisme perpétrés contre les monuments aux morts dans la nuit du samedi au dimanche 18 juin 2023.
Ces actes s’ajoutent à une série de vingt autres actes de dégradation et de destruction recensés au cours des dix-huit derniers mois sur l’île. Ils portent atteinte de manière délibérée à notre mémoire collective et à nos valeurs fondamentales.

Les monuments aux morts sont des lieux chargés de recueillement et de mémoire.
Il est impératif d’adopter une politique de tolérance zéro face à de tels actes de mépris. La protection de ces monuments aux morts doit être considérée comme une priorité absolue. Gardons cependant à l’esprit que bien que les pierres puissent être brisées, la mémoire reste éternelle, gravée dans les cœurs et les esprits de ceux qui se souviennent.»

Serge Letchimy

CHLORDÉCONE AUX ANTILLES

CHLORDÉCONE AUX ANTILLES

LE NON-LIEU JUDICIAIRE ALIMENTE LA DÉFIANCE VIS-À-VIS DE L’ÉTAT FRANÇAIS

MEDIAPART, Amandine Ascensio, 9 janvier 2023 à 18h55

Le non-lieu rendu dans l’affaire de ce pesticide qui a empoisonné les Antilles françaises pour plusieurs siècles accentue le sentiment d’impuissance généralisée face à unfléauaccusédeprovoquerdescancers de la prostate. La réponse des autorités semble bien insuffisante.

Les colères sont sourdes et impuissantes. L’ordonnance de non-lieu rendue le 2 janvier par la justice dans l’affaire du scandale du chlordécone a été accueillie dans un calme relatif. Alors qu’on aurait pu s’attendre à des manifestations populaires, seuls quelques communiqués d’élu·es ou des prises de position outrées de personnalités influentes ou plus anonymes sur les réseaux sociaux ont été relayés.

« Ça n’est pas une surprise, cette décision nous pendait au nez depuis déjà longtemps, il y a un effet d’accoutumance », constate Janmari Flower, écologue et vice-président de l’association guadeloupéenne Vivre, qui s’était constituée partie civile. En novembre 2022, le procureur de Paris avait déjà annoncé dans le quotidien France-Antilles avoir requis un non-lieu en raison de la « prescription des faits ».

Dans leur décision, les juges d’instruction écrivent s’être heurtées à la difficulté de « rapporter la preuve pénale des faits dénoncés (…) commis 10, 15 ou 30 ans avant le dépôt de plaintes », et rappellent l’état des connaissances scientifiques à l’époque (décalage constituant un « problème récurrent dans les dossiers de santé publique »).

Mais elles parlent aussi d’un « scandale sanitaire » et d’« une atteinte environnementale dont les conséquences

humaines, économiques et sociales affectent et affecteront pour de longues années la vie quotidienne des habitants » des Antilles. Elles ciblent, en outre, les « comportements asociaux de certains des acteurs économiques de la filière banane », qui ont été « relayés et amplifiés par l’imprudence, la négligence, l’ignorance des pouvoirs publics ». (Voir l’intégralité de l’ordonnance publiée par Mediapart)

Pour rappel, le chlordécone, pesticide ultra-toxique épandu durant une vingtaine d’années dans le but de lutter contre le charançon de la banane (un insecte ravageur pour l’or jaune des Antilles), y comprisaprèssoninterdictionenFrance,est lourdementsuspectéd’êtreresponsabledes taux majeurs de cancer de la prostate sur les deux départements ultramarins, mais aussi d’accouchements prématurés, de retards de croissance d’enfants, etc.

Selon un avis de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), rendu en novembre dernier, « une partie de la population antillaise présente un risque de surexposition au chlordécone ».

Manifestation au Lamentin en Martinique pour réclamer justice dans l’affaire du chlordécone, le 28 mai 2022.

© Photo Fanny Fontan /Hans Lucas via AFP

En effet, l’agence évalue à 14 % en Guadeloupe et 25 % en Martinique la part des populations touchées qui « présentent un dépassement de la valeur toxique de référence chronique interne » (soit plus de 0,4 microgramme par litre de plasma concentré dans le sang). Elle estime aussi de « 2 à 12 % de la population antillaise » qui « présente des dépassements de la valeur toxique de référence chronique externe [ fixée à “0,17 microgramme par kilo de poids corporel par jour”] », c’est-à-dire l’exposition par voie alimentaire.

« C’est colossal », affirme Janmari Flower, qui rappelle qu’un rapport en 2019 publié par Santé publique France affirmait déjà que plus de 90 % de la population antillaise comptait du chlordécone dans le sang.

Incompréhension populaire

Lors de la publication du rapport, l’abasourdissement général n’en était pas un localement. Car le sujet alimente les conversations et les journaux télévisés depuis plus de 30 ans, a minima depuis les premières plaintes sur le sujet un peu avant le début des années 2010. Le scandale sanitaire a même été une des raisons avancées pour expliquer le refus des Guadeloupéens et des Martiniquais de se faire vacciner contre le Covid-19 durant la pandémie. « Absence de confiance dans la politique sanitaire de l’État », disait-on en rappelant que l’État avait autorisé l’utilisation du produit aux Antilles, par dérogation, après son interdiction en France en raison de sa toxicité.

« L’État, dans cette histoire, s’est mis au service des intérêts privés, au détriment du bien commun », analyse Fred Reno, professeur de science politique à l’université des Antilles. « Tout le monde n’est pas juriste, alors il est difficile de comprendre ces motifs de prescription des faits, détaille l’universitaire. D’autant que les avocats des parties civiles dans le scandale du chlordécone assurent que la lecture de l’affaire peut être faite de manière à ne pas voir de faits prescrits. » Il précise : « Dans cette histoire, le crime est identifié, les coupables sont identifiés, on comprend donc mal qu’en

dépit de tout, il n’y a aucune sanction qui tombe. »

Une affaire aux conséquences lourdes et durables, qui se répète aux Antilles où l’histoire est émaillée de responsabilités étatiques non reconnues, non réparées. Et qui, selon le professeur, participent « à alimenter la défiance envers l’État français et ses représentants », menant à des explosions sociales subites comme en novembre 2021, quand la Guadeloupe et, dans une moindre mesure, la Martinique ont été secouées par plusieurs semaines de violentes contestations où se mêlaient un peu tous les sujets. C’est aussi le message des abstentions record aux dernières élections, ou de la part belle faite au vote pour l’extrême droite (près de 70 % à Marine Le Pen au second tour en Guadeloupe).

L’impuissance des politiques locaux

En décembre dernier déjà, Serge Letchimy, le président du Conseil exécutif de Martinique, avait dans un courrier interpellé le président Macron pour lui demander de lever la prescription sur les faits. « L’empoisonnement [au chlordécone – ndlr] dépasse le cadre d’une décision de justice, expliquait-il, mais relève de l’espoir et des attentes de deux peuples blessés par l’inconsistance avec laquelle leur intégrité et leur dignité ont été bafouées depuis maintenant près de trente ans ». Et de rappeler que « les populations ne sauraient se satisfaire de cette situation qui piétinait la vérité, absoudrait les coupables et mépriserait les victimes. L’empoisonnement fait partie de ces affaires, complexes et longues, mêlant responsabilités publiques et privées, recherche de la vérité et quête de la nécessaire réparation ».

En réaction à l’ordonnance de non-lieu, le président du département de Guadeloupe, Guy Losbar, a de son côté dénoncé un « déni de démocratie qui oblige les élus, les institutions et la société civile à faire bloc face à l’impact conjugué de la pollution sur la santé de nos compatriotes, l’agriculture et sur la pêche ». Les parties civiles ont d’ores et déjà annoncé leur intention d’interjeter appel

de la décision.

Selon Janmari Flower de l’association Vivre, « l’absence de réponse judiciaire ne laisse la place qu’à une réponse politique ». Laquelle tarde à venir malgré des plans de rattrapage qui ont tenté de mitiger les effets du désastre environnemental et sanitaire. Car même si des collectifs regroupant des organisations politiques et citoyennes se sont montés pour « dépolyé » (dépolluer) les deux îles, proposer des stratégies, demander une loi pour « reconnaître et réparer le crime », les acteurs locaux attendent une réponse toujours plus forte de l’État. « C’est tout le paradoxe antillais », note l’universitaire Fred Reno. « Ici, on ne fait pas confiance à l’État, on s’en défie, on veut même, parfois, s’en défaire, mais c’est quand même lui qu’on appelle à la rescousse, y compris chez les organisations les plus anti-État que portent nos territoires », souligne-t-il, pour expliquer l’avidité de reconnaissance renforcée par le non-lieu judiciaire.

Rattraper sans réparer ?

« Le président de la République est le premier à avoir reconnu solennellement la part de responsabilité de l’État », tente de rappeler un communiqué du gouvernement, prenant acte de l’ordonnance de non- lieu. En effet, en 2018 et alors qu’un débat similaire sur le glyphosate faisait rage en France métropolitaine, Emmanuel Macron avait reconnu, lors d’un déplacement en Martinique, le « scandale environnemental » du chlordécone, et annonçait la reconnaissance comme maladie professionnelle de l’exposition à la molécule.

Depuis 2008, des plans d’action ont été élaborés par les gouvernements successifs pour améliorer la connaissance scientifique, penser la communication autour du sujet et tenter d’atténuer les effets de la pollution sur les sols et les corps. Dernier en date, le plan chlordécone IV, lancé en 2021 et en vigueur jusqu’en 2027, continue de financer la recherche scientifique, et permet à tout un chacun de

faire un test de chlordéconémie sur simple prescription médicale, afin de mesurer le taux de concentration de la molécule dans son sang grâce à un prélèvement, et d’entrer dans un parcours de soins en cas de dépassement de la valeur toxique de référence.

« Il y a un premier bilan à domicile, pour évaluer les modes de vie et de consommation alimentaire, puis des ateliers collectifs pour travailler sur les modes alimentaires », détaillait à l’AFP en septembre dernier Caroline Corlier, chargée de mission chlordéconémie de l’Agence régionale de santé, qui compile les résultats. Car, rappellent les autorités de santé, le chlordécone dans le sang s’élimine en quelques mois quand l’exposition cesse, nuançant ainsi la gravité des effets de l’exposition.

« L’État nourrit régulièrement une ambiguïté de communication sur le sujet », note Janmari Flower, pour qui les politiques publiques soufflent le chaud et le froid à propos de la dangerosité de la molécule. Dans le plan IV, des aides financières ont également été abondées pour les pêcheurs par exemple, ou pour indemniser les victimes de maladies professionnelles, notamment de cancer de la prostate dû à une exposition aux pesticides, ou encore pour les enfants concernés en raison de l’exposition professionnelle d’un des deux parents.

Mais, pour les associations en mal de justice, cela ne suffit pas. « Quid des autres ? », martèlent-elles, rappelant l’empoisonnement chronique des Antillais·es vu la rémanence du produit qui, malgré les avancées de la recherche en matière de dépollution, est encore là pour des siècles et des siècles.

Amandine Ascensio

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